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© Le Seuil

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Mildiou
ScénarioTrondheim Lewis
DessinTrondheim Lewis
CouleursNoir et Blanc
Année1994
EditeurLe Seuil
SérieLapinot, tome 2
autres tomes1 | 2 | 1hs
Bullenote [détail]

 

1 avis

thyuig
Suite de mes relectures de Lapinot en passant par Mildiou.
Tout d’abord, on associe souvent cet album (et à raison) avec un tour de force oubapien, celui de faire tourner toute l’action autour du combat entre Mildiou et Lapinot. En somme, Trondheim fait se succéder sur plus de cent pages une grosse scène de bagarre. Evidemment, le tour de force est impressionnant mais il serait dommage de limiter Mildiou à celui-ci.
Car finalement, que trouve-t-on dans cet album ? D’un côté, un héros sans reproche à la moralité inattaquable, et de l’autre, Mildiou, personnage dont la perfidie mêlée à la ruse n’a d’égale que la bêtise.
Donc si je schématise, deux stéréotypes s’opposent, celui du gentil et celui du méchant. L’intérêt consiste ici à voir dans ce duel stéréotypé la quintessence même de ce qui animait une très large partie de la bd franco-belge jusqu’à cette époque. Parce que des héros récurrents qui ne meurent jamais et dont l’unique raison d’exister dans le scénario est de se confronter au méchant de service, lequel revit depuis une quinzaine d’album, s’acharne de bêtise envers notre pauvre héros, tout ceci constitue en bloc les principales raisons de l’essoufflement de la bd pendant les années 80.
La grande finesse de Trondheim est d’insinuer dans cet album cette somme de stéréotypes à laquelle il ajoute son grand talent de dialoguiste, de créateur de situations absurdes, bref de nous faire croire qu’il s’agit ici simplement d’une franche rigolade. Bien sûr on rigole, évidemment que ce Mildiou s’accrochant à Lapinot dans l’unique but de la trucider est tordant, mais le propos est encore plus vicieux que cela. A la toute fin de l’album, ce n’est pas Lapinot qui règle son compte à la vieille garde la bd franco-belge, non, Trondheim s’offre un pied de nez, c’est une jeune fille, aussi vertueuse qu’imbécile, qui dans le soucis d’écarter Mildiou de la réprimande qu’elle adresse à Lapinot, écarte le sombre méchant du bras, le précipitant ainsi du haut d’une tour. C’est là tout le talent de Trondheim de réussir à écarter d’une simple pichenette toute l’imbécillité de ces combats infinis dont se goinfrait la bd franco-belge. L’absurde a vaincu et nous, sans qu’on s’en rende compte, on s’est bidonné devant cette mise à mort. Bravo !
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