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| Nemu est un petit brin de femme virtuose du dessin. Elle se consacre exclusivement à sa passion : dessiner des manga. Timide, voire effacée, elle doit franchir le pas et rencontrer des professionnels pour commencer une carrière. Mais la route est longue et difficile avant de pouvoir réaliser son rêve : devenir Mangaka ! |
herbv
| Une œuvre superbe, émouvante, époustouflante, voilà ce que nous propose l’éditeur Soleil, bien loin de leurs nombreuses séries sans intérêt. Doit-on y voir le début du changement de politique éditoriale annoncé par l’éditeur qui a décidé d’investir beaucoup dans la bande dessinée asiatique (manga, manhwa et bientôt manhua) ? Il est encore trop tôt pour le dire mais il faut reconnaître que les choses bougent plutôt en bien après des années de médiocrité à tous les niveaux et où les bons titres se faisaient plutôt rares.
Les dessins de la vie, manga inachevé du fait du décès de Hirosuke Kizaki, son auteur, nous raconte la passion pour le dessin de Nému, jeune fille introvertie et à la sensibilité exacerbée. Mais on est loin du cliché de l’artiste torturé et c’est avec sensibilité que le mangaka nous dépeint le caractère, les doutes, les envies de son héroïne. Dans la majeure partie du volume, on la suit lors de ses derniers mois au lycée, ce moment critique dans la vie des jeunes japonais car c’est à ce moment que se dessine leur future vie d’adulte. On la voit être de plus en plus fascinée par le métier de de dessinatrice de BD, jusqu’à décider d’en devenir une, grâce à la rencontre de Goro, un auteur empêtré dans ses doutes et fuyant cet art. Qu'aurait pu donner la relation entre ces deux êtres torturés ? On ne le saura donc jamais, à nous de l’imaginer, ce qui donne encore plus de force à leur histoire.
Outre un récit prenant grâce à la grande sensibilité dont fait preuve l’auteur, Les dessins de la vie nous enchante par un dessin à la fois très personnel et remarquable par sa qualité. Sur une base de dessin animalier (les protagonistes sont tous des chats), Hirosuke Kizaki réussit à faire passer toutes les émotions ressenties, que ce soit pour Nému ou Goro, mais aussi pour les personnages secondaires. Le dessin des décors, lieux et objets usuels est très détaillé et maîtrisé, ce qui achève d’ancrer dans une certaine réalité le récit, renforçant ainsi son impact émotionnel. A cela, on ajoute une narration tout à fait réussie, à l'image des nombreux cadrages qui nous entraînent toujours plus loin dans l’immersion, et on se dit que l’on est en train de lire une fiction fleurant bon le vécu, la petite Nému nous projetant une image de la jeunesse de l’auteur, et Goro, sa présente vie de mangaka en proie au doute, ce que confirmera la postface d'un de ses anciens éditeurs. Et c’est totalement émerveillé par tant de talent que l’on tourne la dernière page, laissant alors notre imagination concevoir les retrouvailles des deux êtres torturés par le génie...
Cette œuvre est donc géniale, superbe et la réalisation de la version française, même si le choix de ne faire aucune adaptation graphique peut se discuter, est très correcte. Mais au moins, quelques notes de lecture en fin de volume viennent contrebalancer cette absence de localisation assez regrettable. Et on ne peut que féliciter l’éditeur toulonnais d’avoir osé sortir un titre aussi fort, aussi peu en adéquation avec son image. Il s'agit d'un véritable coup de cœur de la nouvelle équipe éditoriale mais aussi pour les lecteurs intéressés par les récits intimistes. |
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