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| James Witaker tient une librairie d'occasion dans la 4ème avenue. Un quartier plutôt moche où il ne fait pas bon se promener la nuit. Que vient donc y faire Sara, cette jeune femme d'allure fragile qui dissimule un revolver dans son sac à dos ? Et qu'a-t-elle à voir avec ces deux voyous qui ont essayé de vendre à Whitaker un livre volé? Tout cela aurait-il un rapport avec le drame qui a eu lieu un an plus tôt, lorsque la librairie a brûlé causant la mort de l'ancien propriétaire ? |
  oslonovitch
| "Un goût de cendres" fait partie de ces albums qui privilégient les ambiances aux scénarii élaborés. Sur 46 planches, Dan Christensen construit un semblant de huit-clos, avec des décors minimalistes à outrance et peu de personnages principaux : Whitaker, Sara et le loubard. L’auteur préfère se concentrer sur la tension qui accompagne chaque planche de sa BD depuis le début jusqu’à la toute fin.
Grâce à des cadrages serrés, Christensen s’attarde sur les réactions de ses personnages en situation de crise (et tout l’album est une situation de crise). D’autre part, avec des planches représentant des montres ou des horloges, il donne une dimension temporelle très floue à son histoire. La librairie est sur le point de fermer, pourtant il fait nuit et la 4° avenue où se déroule l’action est déserte… Christensen s’amuse à insuffler cette sensation de temps qui semble bégayer, et prendre un malin plaisir à ralentir, juste pour appuyer son discours. Les braves gens ne dorment pas mais ils n’iront pas voir à la fenêtre si quelqu’un crie "au-secours !", par contre leur voyeurisme leur donnera le courage de le faire si jamais quelqu’un crie "au-feu !". Heureusement Christensen ne s’appesantit pas trop sur le message social et le laisse flotter en filigrane, ce qui permet à son histoire d’avoir un écho plus fort encore. Lu superficiellement, cet album pourra paraître un peu vide, mais il n’en est rien. Sans être un chef d’œuvre d’auteur, une perle de thriller intimiste, ou une œuvre majeure de politique-fiction, "Un goût de cendres" est un album agréable qui est construit sur un modèle bien ficelé.
Encore une fois l’atout majeur de cette BD est son ambiance, son sentiment persistant d’insécurité. A tout moment le lecteur conditionné par des années de polar gentillet ou de western dans lequel la cavalerie arrive toujours à temps, guette les gyrophares des hommes de loi… Les dessins sont expressifs, dans la mouvance du comics à l’américaine, bref, ils n’ont rien de détonant ni d’étonnant. Ils sont réussis et parfaitement adaptés avec les personnages qu’ils mettent en évidence : une première impression de simplicité et un arrière goût latent d’efficacité. |
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