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| -Popeye et le jeep
-Popeye et son Popa
-Popeye et la mélodie mystérieuse |
Charlie Brown
| Lire Popeye est une expérience étonnante. Je ne m’attendais pas à un truc aussi bon !
Mes souvenirs "popeyens" remontaient à quelques vieux dessins animés rediffusés dans mon enfance et consistant surtout en des séquences de castagnes entre deux rasades de conserves d’épinard.
En fait, c’est un peu plus chiadé que ça et les scénarios sont plein d’inventions. Dans ce tome-là, un des derniers (en fait, Futuropolis a publié Popeye dans les années 80 en commençant par la fin ! Le volume 1, les années 1936-1937, représentant les bandes les plus récentes, le volume 7 les débuts en 1930, et il y a même un volume 0, publié après tout le reste et couvrant la fin de l’ère Segar puisque celui-ci mourut en 1938 justement !), dans ce tome 1 donc, Popeye et Olive font la rencontre d’une créature fantastique, le Jeep, un animal "quadri-dimensionnel" capable de voir dans l’avenir et incapable de mentir, répondant par l’affirmative aux questions qu’on lui pose en se prosternant le cul en l’air et en faisant tournoyer 3 fois sa queue dressée comme une antenne (dit comme ça, ça a l’air totalement trash mais en fait non, c’est très mignon). L’idée est habilement utilisée.
Puis, grâce au Jeep, Popeye l’orphelin s’en va à la rencontre de son « Popa » centenaire, ce qui donne lieu à moult scènes d’autant plus cocasses que le papa de Popeye est pas piqué des vers ! Un véritable ours mal léché, misanthrope comme c’est pas permis, et qui passe son temps à râler et à cogner tout ce qui le saoule (homme, femme, fiston... sans distinctions).
La troisième aventure est de moins bonne facture mais elle se laisse lire sans déplaisir.
L’univers de Popeye est peuplé de créatures fantastiques : outre le Jeep, on croise fantômes, sirènes et autres sorcières à la flûte enchanteresse, ainsi qu’une galerie de « freaks » tous plus barrés les uns que les autres : l’humanité selon Segar semble être un fatras de gueules cassées obligées de coexister sur leur petit morceau de terre et faisant contre mauvaise fortune bon cœur...
Chez Segar, ce n’est apparemment pas la succession des strips quotidiens qui fait l’histoire. L'auteur a plutôt l’air d’écrire à l’avance des histoires qu’il met en strips... nuance... Et la continuité coule de source d’une aventure à l’autre. Bon, bien sûr, le problème est que la lecture en continu de ces aventures est alourdie par le fait que, d’un strip à l’autre, Segar se sent obligé de consacrer souvent la première case à un rappel des faits par la bouche d’un des protagonistes, au cas où le lecteur du canard aurait oublié où on en était la veille. C’est bien compréhensible mais c’est un peu dommage, la redondance nuisant quelque peu à la fluidité de la chose.
Mais pour le reste, ne boudons pas notre plaisir... Outre quelques situations cocasses, c’est le langage fleuri qui emporte l’adhésion (je n’ai pas lu les originaux, mais la traduction est excellente !). Popeye et son « Popa » font des jeux de mots sans s’en apercevoir et déforment allègrement grammaire et vocabulaire pour les mettre à leur pogne. Popeye n’est pas dégoûté, il est « dégoutationé » !
Si on ajoute à ça que la plupart des personnages ne font pas dans la morale et que Segar s’amuse à distordre toute morale (non absente cependant, loin s’en faut !) pour jouer avec ses codes, on s’aperçoit alors qu’on a affaire à une bonne bande qui mérite effectivement sa place au panthéon du 9ème art.
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