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focus accueil focus Les yeux dans le mur
Réalisé par crepp, everland, man, MR_Claude et petitboulet.
Ce premier dossier est consacré à Edmond Baudoin pour Les yeux dans le mur. Le cas de Baudoin est un cas assez à part dans la bande dessinée, il a en effet la réputation d’être un auteur assez hermétique, avec un dessin très libre, parfois plus proche de l’illustration, de la peinture, que de la BD dans sa forme habituelle. La sortie d’un album dans la collection Aire Libre apparaît comme une bonne occasion pour tenter la découverte de cet auteur.
Telle est l’optique de ce petit dossier. Aucun de nous n’est vraiment spécialiste de Baudoin, et ce dossier va tenter de présenter dans quel état d’esprit on peut aborder cet album, que l’on soit totalement néophyte, ou que l’on ait déjà un peu goûté à l’auteur. Les commentaires sont faits avant la lecture de l’album, et seront suivis par une chronique, et plus de développements si jamais l’album s’y porte.
La majorité du public se situe dans la position du néophyte total, de celui qui n’a soit jamais entendu parler de Baudoin, soit très vaguement, avec des commentaires oscillant entre "c’est génial, un peu hermétique mais magnifique de sensibilité et d’émotion" et "c’est illisible, trop hermétique et prise de tête". Et c’est vrai que la réputation première de Baudoin est l’hermétisme. Des albums souvent autobiographiques, en noir et blanc, parfois sans véritable histoire ni fil conducteur, un graphisme très spécifique, déroutant, très libre…
Bref, tout pour passer à côté. Alors pourquoi, quand rien ne s’y prête, se pencher sur cet auteur, et dans quel état d’esprit peut-on l’aborder ?
- Pourquoi Baudoin? Parce que c'est un mystère un peu, le genre d'auteur dont on parle mais dont pas grand monde n’a lu quoi que ce soit. Voila. Moi j'aime ce mystère et je veux le conserver jusqu'à la lecture des "Yeux dans le mur". Après, pourquoi pas faire une boulimie de Baudoin, pour l'instant je veux rester vierge :o)) Ou presque. De Baudoin, je ne connais que la couverture des "yeux dans le mur". (petitboulet)
- Edmond Baudoin : Un drôle de nom que celui là, un nom souvent cité par des auteurs, un nom culte pour certains. Pourquoi n'ai je pas encore lu une oeuvre de ce monsieur? Graphiquement rien ne me rebute, le problème est la description et l'image que l'on colle à la peau de son travail: celle d'un monde bien précis, très proche de lui, comme si peu de personnes possédaient la clef pour entrer dans son univers, je me suis toujours dit que je n'y entrerais pas. C'est peut être bête mais c'est comme ça…
De plus je ne me sentais pas assez mature pour essayer de lire du Baudoin, pour les même raisons que je site précédemment.
Alors pourquoi commencer avec "Les yeux dans le mur"? Je me sens capable et prêt à essayer. Il y a aussi mon intérêt pour la collection Aire Libre. Puis il y a cette couverture, que je trouve magistrale.
Enfin il faut bien essayer un jour :o)
Pour cet album, je ne m'attends à "rien". Il ne fait pas partie d'un titre que je souhaite lire depuis longtemps. C'est juste une tentative, un essai pour un travail qui m'intrigue. (crepp)
- Baudoin. Un nom très banal, et pourtant très proche. Ce genre d'auteur, en BD, dont vous entendez parler depuis des années, mais dont vous n'avez jamais ouvert un bouquin parce que la couverture vous rebutait, ou parce que le quasi-consensus positif autour de sa personne vous incitait, par esprit de contradiction, à l'ignorer. Ce genre d'auteur que justement les personnes que vous appréciez placent sur un piédestal : les gens de l'Association par exemple, qui ne cachent pas l'admiration qu'ils lui portent. Ce sont d'ailleurs eux qu'il a choisi pour publier ses livres après la disparition de Futuropolis, et combien de fois les a-t-on entendu répéter que c'était un honneur, etc. (et pas d'hypocrisie ou de discours convenu là-dedans à ce qu'il m'a semblé :o)
Donc, Baudouin existait, mais je ne l'avais jamais rencontré. Et voilà qu'arrive cet Aire Libre, dont on parle depuis longtemps. Et là, comme beaucoup de monde apparemment sur Bulledair, je me dis : bon sang mais c'est bien sûr, voilà l'occasion inespérée de me mettre à Baudoin ! Comme beaucoup d'auteurs peu connus, c'est pour lui le moyen de toucher un plus grand public, et donc, hop, me voilà tout prêt à faire partie de la nouvelle fournée de lecteurs de Baudoin. (man)
- Personnellement, j’ai lu deux œuvres de Baudoin, et j’ai envie de continuer, petit-à-petit, sans overdose, au même rythme qui semble se dégager de ses œuvres. Le Voyage a été le premier album que j’ai lu de lui, et ça a été une "claque". A l’époque, j’avais beau être assez "neuf" dans les lectures de ce style, dites "indépendantes", je suis rentré dedans sans problème. Sans doute était-ce le bon moment, j’étais prêt… En tout cas cet album m’a "parlé", profondément, et me parle encore à chaque lecture, jamais de la même manière. Puis, plus récemment, j’ai lu Eloge de la poussière, qui est pour le coup, une œuvre autobiographique, construite sur le mode des souvenirs, des réflexions qui s’enchaînent, sans lien visible. C’est très déroutant, certaines séquences sont superbes, et d’autres me passent à côté…
"Les yeux dans le mur" m’attire, toujours pour cette résonnance personnelle que je peux avoir avec certains de ses dessins, thèmes… De plus, un nouvel Aire Libre, c’est un a priori plutôt favorable, un gage souvent de qualité, une ouverture plus "grand public" pour cet auteur particulier. Se sera-t-il adapté à ce public potentiellement plus large, ou bien n’en aura-t-il pas tenu compte ? Que peut donner Baudoin en couleurs ? Que cache cette couverture qui m’attire ? Autant de questions qui font que je souhaite lire cet album… (MR_Claude)
- Je n’attends pas du tout cet album, je trouve Baudoin bizarre et obscur. J'ai eu l'occasion de voir une vidéo de l'auteur en démonstration de dessin et ça m'a semblé complétement farfelu et inintéressant. Mais maintenant on en parle tellement comme d'un type hyper intéressant que je me dit que je me trompe probablement sur son compte.
J'ai lu deux albums : Piero qui est valable et un second dont j'ai oublié le nom (sans doute le portrait) et dont je n'ai tiré qu'un mal de crâne à essayer de comprendre quelque chose (en vain). Mais bon, j'étais peut-être crevé ce soir là. (everland)
La curiosité. C’est donc le principal moteur qui peut pousser à aller vers Baudoin. La curiosité de dépasser des a priori sur l’hermétisme supposé de l’auteur, la curiosité de ne pas rester sur une première impression mitigée, ou au contraire de découvrir plus profondément l’univers de cet auteur. La curiosité tout court. Et aussi la curiosité dûe à Aire Libre. Le fait que cet album sorte dans cette collection y est certainement pour beaucoup. Gageons que s’il était sorti à l’Association, la curiosité serait peut-être moins forte, sans élément déclencheur… Mais il sort chez Aire Libre, la collection "adulte" de Dupuis, qui allie le côté "grand public" d’un éditeur généraliste, et le côté "bande dessinée d’auteur". On ne compte plus les très bons albums sortis dans cette collection, dans tous les styles. Et depuis quelques temps, l’orientation de la collection fait la part belle à ces auteurs jugés plus "underground": Blain, David B, Blutch… Et maintenant Baudoin. On peut donc espérer que "Les yeux dans le mur" soit une bonne porte d’entrée dans l’univers intimiste et personnel de Baudoin, supposée plus accessible au néophyte que ses autres œuvres, mêmes encensées par les afficionados…
Bref, soyons curieux, soyez curieux, peut-être cela en vaut-il la peine… :o)
Pour en savoir un peu plus avant la lecture:
- La présentation par Aire Libre:
"Dans son atelier, près de la mer, un homme et une femme, un peintre et son modèle.
Dialogue sur l’art et la vie. La jeunesse de l’une. La banlieue d’où elle vient, et qu’elle a définitivement quittée. La maturité de l’autre. Le peintre s’interroge : comment peindre la vie quand on ne peut approcher la réalité que dans ses reflets ? Et l’homme regarde son modèle, son amante, bouger, vivre, en ayant par instants «la sensation fugitive de s’approcher d’une réponse»."
"Quand j’ai terminé ma dédicace et que j’ai levé la tête pour remettre le livre à son acquéreur, j’ai vu, un peu sur ma droite, une fille qui ressemblait à un garçon avec un anneau d’or dans une narine. On a un peu parlé, elle m’a dit qu’elle s’appelait Céline et qu’elle était en dernière année d’une école d’art à Toulouse où elle vivait et où j’étais de passage. Je lui ai dit que ça m’intéressait de voir ce qu’elle faisait et j’ai écrit mon adresse sous un dessin. Peut-être qu’en vérité, j’avais été accroché par son anneau.
Plus tard à Nice, j’ai reçu une lettre avec une demande étrange : “J’aimerais venir chez vous pour faire mon stage de fin d’études”. Je me souvenais de sa boucle en or et de son regard délinquant, je lui ai dit oui. Elle est venue. Je ne sais plus aujourd’hui lequel des deux a été stagiaire."
Céline Wagner, première rencontre, par Edmond Baudoin
- Quelques thèmes sont récurrents dans les œuvres et les propos de Baudoin, et peuvent peut-être éclairer d’une autre manière la lecture des Yeux dans le mur.
Tout d’abord le rapport de Baudoin à l’Art, et plus particulièrement à la peinture. Ses œuvres ne sont pas forcément construites de manière classique, le dessin est très libre, sans crayonné, d’apparence spontanée. L’effet recherché est avant tout l’impact émotionnel supposé plus qu’une cohérence graphique sur l’ensemble. Sa manière de dessiner semble plus guidée par une improvisation en fonction de ce qu’il ressent que par une observation et une réflexion sur ce qui est représenté. (quelques développements ici)
Ensuite vient l’homme, l’humain. Baudoin est un auteur profondément humain. Rien ne l’intéresse qui ne touche quelque part à l’humain. L’humain dans la rencontre, le voyage, l’humain dans l’espoir malgré les difficultés, l’humain ou son synonyme pour lui : l’amour. Sans doute pour apprécier Baudoin faut-il accepter ce côté presque mystique, ou pour le moins rêveur, utopiste, volontiers lyrique, et un peu "déconnecté" dans sa contemplation du monde…
Et surtout il y a les femmes ! Baudoin les aime assurément, il n’a de cesse de les représenter, toutes sont belles. Un plaisir sensuel, charnel, spirituel, parfois à peine esquissé, mais toujours présent, tout en finesse et sensibilité.
Tous ces thèmes sont développés dans un entretien pour la revue Regards.
- Quelques autres titres, souvent évoqués comme les "meilleurs" de Baudoin, pour les âmes très curieuses :o)
- Le premier voyage, chez Futuropolis.
- Le voyage, qui est une version remaniée du précédent.
- Piero
- Le Portrait
- Salade Niçoise
- Et bien sûr le site officiel, réalisé en collaboration avec l'auteur.
Et après lecture...
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