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interview accueil interview Meka - Interview de Bengal par Cubik Interview de Bengal, dessinateur de Meka sur scénario de Jean-David Morvan, à l'occasion de la sortie du premier tome Inside, aux éditions Delcourt.
Interview réalisée le 04 juillet 2004 lors de Japan Expo par cubik.
- Bonjour. Tout d'abord, pouvez-vous nous présenter votre parcours?
Bengal : Bonjour. Alors je m'appelle Bengal. Je suis auteur de BD, officiellement depuis la sortie de Meka, donc en Mai. J'ai commencé à dessiner quand j'étais ado. Je suis allé à la fac pour ne pas y faire grand chose en espérant devenir un jour dessinateur. J'ai fini par rencontrer Jean-David Morvan en 1996. J'ai commencé à pouvoir montrer mes dessins et à travailler. Jean-David et moi avons fini par présenter un projet en 98 chez Glénat, qui est fini mais qui dort dans un placard et qui n'est jamais sorti à cause de gros problèmes éditoriaux. Mais ça sortira un jour. Ensuite j'ai fait 4 ans dans le design de jeu vidéo. Et là je viens de revenir à la bd avec Meka, voilà.
- Vous avez donc fait du game design. C'était une voie de sortie pour pouvoir vivre ou une réelle envie à côté de la bd?
B. : C'était un peu les 2 en fait. D'aller faire un peu autre chose que de la bd, ça me permettait d'abord de sortir de ma première mauvaise expérience en bd. Une bd faite depuis 4 ans et pas sortie, ça fait mal. Et d'un autre côté, ça me permettait de voir un truc différent et d'être salarié pour la première fois. Ca a l'air con mais c'est complètement autre chose.
Et puis j'ai énormément appris dans le game design, puisque je devais tout designer, des items jusqu'aux bonhommes. Ca m'a donné vachement plus de moyens pour plus tard.
- Vous avez designé quel genre de jeux?
B. : Je suis passé par plusieurs trucs. J'ai travaillé chez Darkworks. J'y suis rentré en 99, juste pour 5 mois. Ils étaient en train de finir la production d'Alone in the dark 4. Je suis donc juste arrivé pour aider parce qu'ils étaient un peu ric-rac. Et comme j'ai bien fait le travail, on m'a rappelé quelques mois plus tard pour y bosser de façon permanente. J'ai donc bossé pendant 3 ans sur divers projets, principalement de la SF et le mecha design. Il n'y a pas de hasard (rires).
- Dans votre bio, il est dit que votre culture bd de base est plutôt celle de votre papa avec des classiques comme les Tuniques Bleues, Jeremiah, le Scrameustache, etc. Quand on regarde ce que vous faites, on y voit quand même plus un côté manga et comics. Vous avez une culture bd mondiale? Vous prenez tout ce qui vient?
B. : Oui, sauf les comics. J'y connais vraiment pas grand chose. Je n’ai pas été séduit sauf récemment. Je suis très manga et très bd européenne.
- Sur votre site, on voit quand même dans la gallery des images de Batman ou Catwoman. C'est une influence qui arrive jusqu'à vous via le Japon, Batman étant un des rares héros américains ayant été repris par des japonais?
B. : En fait non. Il y a quelques bonhommes comme ça, que ce soit Batman, Catwoman ou même Superman, je ne les connais tellement pas dans leurs histoires qu'ils représentent juste des bonhommes avec un potentiel en fait. J'aimerai bien faire des histoires avec ces personnages là, mais surtout sans lire celles existantes. Je me fais un fantasme dessus, c'est tout.
- Comment avez-vous rencontré Jean-David Morvan?
B. : En 96, j'étais juste un étudiant qui ne savait pas ce qu'il allait faire de sa vie. Un jour, il y a eu une dédicace à la Défense de l'atelier 510TTC qui était formé depuis peu. Comme j'habitais pas loin, je suis allé voir. Et j'ai été impressionné, je n'avais jamais eu de contact avec des dessinateurs jusque là. Je leur ai demandé comment marchait un atelier, des trucs sur les coloristes, tout ça... Ils m'ont proposé de passer à Reims mais comme visiteur. J'ai eu la bonne idée d'amener mon petit sketch book. J'avais des mickeys pas très beau, mais bon j'en avais. Jean-David m'a alors dit que si je bossais, j'arriverais peut-être à faire quelque chose. Et de fil en aiguille, j'ai été à Reims pendant 2 ans de manière super intensive. J'ai avancé en dessin, on m'a appris le découpage bd et puis voila.
- Il vous a proposé un truc tout de suite?
: Non, pas tout de suite. Il m'a dit que je dessinais bien et il m'a demandé si j'avais envie de faire de la bande dessinée. Alors j'ai dit "super, tout de suite" en croyant qu'il suffisait de dessiner bien pour faire de la bande dessinée. Grosse erreur! Donc j'y ai bien été pendant 2 ans à vraiment me faire taper sur les doigts, mais c'est ce qu'il fallait, pour m'expliquer que la bd n'était pas une séquence de jolis dessins, mais un découpage, une trame narrative, et pleins d'autres éléments. Donc j'ai appris. Vers 98, il a montré mon boulot chez Glénat. Et jusqu'en 99, on m'a fait avancer, fait faire et refaire des pages. Et on a fini par signer un contrat fin 99.
- Parlons de Meka maintenant. Premièrement, comment définissez-vous un mecha?
B. : Dans l'album ou en général?
- En général d'abord.
B. : Wow. Pour moi, un mecha, c'est tout ce qui est mécanique. Ca peut être comme dans Ghost in the shell, le corps cyborg d'un personnage humain à l'origine. Ca peut être un robot entièrement automatisé, un véhicule un peu futuriste, un peu SF. Tout ce qui est mécanique avec un coté science-fiction, voilà.
- Et dans votre album?
B. : Comment dire? En fait, l'histoire de Meka pourrait se passer n'importe où ailleurs. Il y a beaucoup de lecteurs qui ont été frustrés de ne pas en savoir plus sur l'univers, sur la provenance des méchas, sur les tenants et aboutissants de cette guerre. Et nous, ce qui est marrant, c'est que c'est vraiment pas du tout ce qu'on voulait raconter. On voulait juste le relationnel des 2 personnages humains qu'il y a dans l'histoire. On a donc quand même poussé le vice à appeler ça Meka, bien que ce ne soit pas vraiment le thème.
Donc là, les mechas, ce sont les robots géants. On voulait donner une dimension qui était en contraste complet avec l'aventure intimiste et minuscule de nos personnages ridicules.
- Les mechas sont donc juste un décor, en plus d'être un plaisir puisque vous aimez les mechas?
B. : Au niveau du dessin, c'était le super exutoire pour moi, il n'y a pas de problème. Mais j'aurai aimé dessiner des samouraïs, on n'aurait pas transposé l'histoire dans cette univers juste pour me faire plaisir. Ca devait se passer avec le mecha. Il est la cellule qui contient ces deux personnages, le background et ils ne connaissent rien d'autre que ça. Donc on devait absolument montrer ce robot qui est leur seule raison de vivre et qui rend ces deux personnages naïfs sur absolument tout le reste. Ca va se voir dans le tome 2. Le robot ne marche plus, ils sont dans la merde.
- Meka était initialement voulu en un seul tome. Vous avez été déçu qu'on vous demande de le couper en 2?
B. : Nous, on n'a pas été déçu, mais on savait que les lecteurs le seraient beaucoup. On avait une histoire délayée sur 90 pages avec une trame qui pouvait sans doute tenir dans un 46 pages, mais on avait envie d'utiliser des codes d'actions un peu tirés des trames narratives des mangas. On voulait prendre de la place pour la bagarre du début. Donc finalement, le gros de l'histoire est dans le tome 2 et le premier est lu en 4 minutes. Donc les lecteurs nous tombent beaucoup dessus à cause de ça. On savait qu'on allait devoir l'assumer. Mais on est confiant. On se dit qu'une fois que les deux tomes seront sortis, les gens se rappelleront d'une grande aventure.
- Vous êtes confiants également parce que vous travaillez vite?
B. : Oui, je compte là-dessus (rires). Si on ne nourrit pas vite le lecteur, on sait très bien qu'il n'y a pas assez.
- C'est Gérald Parel qui était initialement prévu sur le projet. Y a-t-il eu un passage de témoin, des conseils?
B. : Non, pas vraiment. En plus, à l'époque où Jean-David et Gérald ont pensé à ça, c'était d'une autre manière. C'était abordé tel que Gérald voulait un peu s'éclater sur autre chose que 7 secondes, mais sans que ça lui bouffe autant de temps. Donc si j'ai bien compris, ils avaient vu ça comme un vrai manga. Il devait faire tous les soirs une page de 4 cases, pas plus, dans un petit format A5. Et finalement, il n'avait peut-être pas aussi envie de le mener au bout que sur 7 secondes sur lequel il est très impliqué. Donc ça a traîné, et comme je le savais, quand on a parlé bd avec Jean-David, on a tout de suite parlé de Meka.
- C'est venu de votre obsession pour les robots?
B. : Pas spécialement. C'était bourré d'éléments qui me faisaient plaisir à dessiner. Ca ne me passionne pas autant de regarder ou de collectionner des robots que de les dessiner. J'adore le rapport d'échelle, péter des immeubles comme des jouets, juste pour le plaisir du dessin.
- Quelle a été votre implication dans l'histoire?
B. : Pas grand chose. Jean-David l'a réécrit de manière à ce que ça devienne vraiment un album à l'européenne, avec ce qu'il faut de cases par page et tout. Moi, j'ai juste émis mon avis sur 2 ou 3 points du relationnel du personnage, mais vraiment pas grand chose. C'est Jean-David qui fait le scénario, voila.
Par contre, si quelque chose me plait pas, je lui dis et en général, on trouve une solution très vite.
- Par contre, au niveau graphique, ce sont vos choix?
B. : Oui, ce sont mes choix. Jean-David écrit le scénario à la case près mais il ne décrit pas le cadrage ou le découpage. C'est à moi de voir. Je fais un découpage, voire plusieurs à l'occasion. Je propose et quand ça lui plait, qu'on est d'accord sur le découpage, je n'ai plus qu'à dessiner.
- D'après votre blog, vous avez aussi un peu poussé sur le gigantisme des méchas.
B. : Oui effectivement. Gérald avait fait quelques essais, il en était à 5 ou 6 pages. Ca n'avait pas du tout la gueule de ce que j'ai fait. Et les robots faisaient 6, 7 étages de haut. Au début, Jean-David aurait aimé que je les fasse comme ça. Mais j'ai pas pu (rires). Je crois que si on regarde de très près et qu'on veut se prendre la tête là-dessus, on se rend compte que le robot, entre le début et la fin, est de plus en plus grand. Au début, il arrive à passer au travers des immeubles et à la fin, il fait 3 fois leurs tailles.
- Par rapport à ceux que vous faites pour la gallery de votre site par exemple, j'ai trouvé les méchas de l'album assez simples, aussi bien dans l'aspect extérieur que dans l'intérieur du mécha. Qu'est-ce qui a influencé cette simplification dans Meka, par rapport aux robots que vous faites habituellement?
B. : Pour le look extérieur, l'aspect simplifié, tout ça, c'est que j'aime le minimalisme dans le design. J'aime bien chercher une forme et ne pas mettre trop de fioritures dessus. J'aime bien, pour citer quelques japonais qui font un peu de design, les trucs un peu épurés que fait Murata, ou ce que fait Okama.
Pour l'intérieur, on avait la scène du milieu du tome 1 qui devait sentir la coquille vide où sont enfermés nos deux personnages. Donc, j'ai fait une coquille vide, point barre. C'est paradoxal mais c'était vachement stressant à dessiner. Il fallait ressentir un vide donc le résultat voulu est obtenu mais au niveau du dessin, il n’y avait pas grand chose. Donc je me suis donné sur les villes, histoire de montrer que j'aime bien dessiner beaucoup aussi.
- Ce côté vide est dicté par l'histoire?
B. : C'est ça. Le cockpit est la coquille d'où ils sortent. Il fallait que ça sente le renfermé, qu'il n'y ait vraiment rien à faire. Ensuite, c'est symbolique mais il va bien falloir sortir de cette coquille pour se retrouver dans un univers qu'ils ne savent absolument pas appréhender.
- Sur les forums, Jean-David Morvan et vous avez souvent déclarés qu'on en saurait pas plus sur le conflit, les méchas et sur l'univers de cet album. Est-ce qu'on en saura plus sur les personnages, en dehors de la relation qu'ils vivent dans l'album?
B. : Sur leurs origines, ce genre de chose? Je ne pense pas. Ca ne va se concentrer que sur leur relationnel, qui va évoluer encore. Ils vont passer par des sentiments vachement humains. On va faire aussi intervenir une troisième entité mais là, j'en dis pas plus. Ce sera une entité réactive pour les pousser encore vers quelque chose dont ils n'ont pas l'habitude et les foutre un peu plus "dans la merde".
- J'ai remarqué que lorsque les personnages sortent du robot, c'est la jeune fille qui prend les choses en mains. C'était pour sortir du côté un peu machiste, des gros robots, l'aspect militaire?
B. : C'est tout le thème du relationnel en fait. Le gars est assez bête pour continuer sur sa lancée de macho et malgré tout, c'est la fille qui prend les choses en main. C'est elle qui est la plus fragile mais qui prend les décisions. En fait, je crois que c'est la base même de leur relation conflictuelle. C'est lui le chef, et elle la décisionnaire, et ça ne marche pas du tout.
- C'est une bd sur la guerre à distance. Vous la considérez comme une bd engagée?
B. : Oui, pour Jean-David carrément. Derrière le relationnel des 2 personnages qui est l'intérêt à petite échelle, à grande échelle c'est la guerre. Jean-David aime bien montrer en général la bêtise de la guerre, son côté impersonnel, son côté dérisoire. Et les personnages sont confrontés à tout ça, en dehors de leur robot, dans le 2ème tome. Je vais dire ça de manière un peu bête mais le message à la fin, c'est "la guerre, c'est pas bien. Ca sert à rien" (rires).
- J'avais plus vu l'aspect complètement détaché du monde autour, un peu comme des généraux.
B. : Je n’avais pas vu ça comme ça. On n'en saura pas plus là dessus.
Par contre, je dis ça mais c'est vraiment ultra vague, l'aventure de ces 2 persos se terminera au deuxième tome. Il n'y a pas de problème là-dessus. Mais si on s'amuse vraiment à le faire et que ça plait aux lecteurs, on a déjà pensé à peut-être développer un peu plus Meka, avec d'autres personnages, d'un autre bataillon qui se battraient ailleurs. Et peut-être que là, mais je ne promets absolument rien, on parlerait plus du background, de leurs provenances et du système.
- Meka était donc prévu en un seul gros tome. Aurez-vous des projets futurs qui feraient plus de 46 pages?
B. : On en parle avec Jean-David. J'y ai déjà pensé seul aussi mais je ne sais pas encore si je suis capable d'écrire mes histoires, même si j'ai envie de les raconter. De toutes façons, ce n'est pas pour tout de suite. Mais j'ai envie d'essayer d'autres formats, c'est sur. Plus de pages, plus petit, moins de cases par page, pour m'approcher du manga, mais pas seulement. J'ai envie d'essayer des trucs, je n'y ai pas encore vraiment pensé. Il faudra bien de toutes façons.
- Par exemple, je sais que Jean-David Morvan a des projets de mangas. Gregory Charlet également (avec J-D Morvan ou seul) avec une bd qui serait adaptée en France et au Japon (NDR: voir interview sur bulledair.com).
B. : Ca, ce serait super bien, si l'émulation pouvait commencer à se faire concrètement, parce que le Japon est assez hermétique pour l'instant. Les influences commencent à être partagées dans les deux sens mais un français qui travaille au Japon ou un japonais qui travaille en France, c'est pas encore fait ou alors rarement. Ce serait bien que ça avance de ce côté là. Je donnerai cher pour faire un truc publié au Japon.
- Pouvez-vous nous parler également de The only one?
B. : Ben oui, c'est le projet dans le placard (rires). L'album est fini. J'ai mis beaucoup de temps à le faire parce que je n'étais peut-être pas prêt à cette époque. Je n'avais pas encore la discipline, tout simplement. Et au bout de 3 ans, quand j'ai fini, on a délégué la couleur à un coloriste qui n'a jamais fait le boulot. Donc, ça ressemble à une malédiction qu'on a rangée dans un placard. Et là, C'est ressorti. Kness est en train de le colorier. Ca devrait sortir peut-être vers Janvier, Février l'an prochain.
- Vous avez d'autres projets?
B. : Je peux en parler mais c'est tellement vague. On réfléchit avec Jean-David à la possibilité de faire plus dans l'univers de Meka mais on a rien pour l'instant. C'est pas le truc sur lequel on planche le plus. On réfléchit à d'autres trucs comme développer une série, trouver des personnages que j'aurai envie de dessiner assez longtemps parce qu'une série fait toujours peur, pour un jeune dessinateur comme moi en tout cas. On cherche les terrains sur lesquels on a un bon feeling en commun parce qu'il faut être sur de faire quelque chose sur le long terme qui plait aux 2. Les choses qu'on aime bien tous les deux, c'est les univers un peu à la Cowboy Bebop, des choses comme ça. On va chercher un truc SF dans cet esprit mais alors vraiment c'est vague.
- Avez-vous aussi des pistes côté comics. Ce n'est pas vraiment votre culture bd mais j'ai vu que vous avez été sollicité pour des couvertures chez Image?
B. : On m'a demandé une alternate cover pour le plaisir de mon dessin. Ca m'a vraiment fait plaisir. J'ai donc fait une alternate cover pour une série que je ne connaissais pas, qui s'appelle NYC Mech (NDR: série inédite en VF). C'était juste pour le plaisir.
- Comme il y a des ouvertures de ce côté là, comme par exemple les personnages Marvel prêtés à des auteurs français, est-ce que c'est quelque chose qui vous attirerait, même si vous ne connaissez pas vraiment cet univers?
B. : Ben carrément. Justement, je suis censé faire partie du chariot des auteurs démarchés par Marvel, puisqu'on a demandé à Jean-David d'amener 2 ou 3 dessinateurs. Il a donc été proposé qu'on fasse un DareDevil. Ils ont regardé mon boulot, et ils se sont dits qu'avec mes couleurs sympas, un peu flash, ce serait peut-être mieux que je fasse un New Mutants, les X-Men ado. Pour l'instant, c'est très vague et vu que j'ai du boulot d'abord, je ne sais pas pour quand c'est. Mais je suis vachement motivé pour le faire parce qu'ils nous ont bien demandé de le faire à la française. J'ai très envie de bosser sur un super-héros, c'est génial. Moi le rêve, c'est SpiderMan ou Superman.
J'ai une histoire que je voudrais proposer avec Catwoman, où je la prends pour ce qu'elle est, c'est à dire une voleuse. C'est mon projet perso, mais c'est tellement impossible de téléphoner à DC Comics que j'ai peu d'espoir. Mais j'aimerai faire une histoire de 60 pages où Catwoman est une voleuse dans un Paris fantasmé très Beaux-arts...
- Vous passez beaucoup de temps sur le Web. Avez-vous des projets avec ce média, comme des bd interactives ou ce genre de choses?
B. : Non, non. Pas de bd interactive parce que personnellement, je n'ai jamais réussi à lire quelque chose sur le net. Donc, je ne me vois pas du tout réussir à le faire.
Par contre, le net est pour moi le truc indispensable pour l'émulation mondiale. Il n'y aurait pas ça, on n’irait pas aussi vite pour avoir du relationnel avec les américains. De ce côté là, c'est réglé. Et j'ai même quelques copains japonais avec qui j'essaye de discuter. Je parle un peu japonais, eux un peu anglais, c'est un bordel incommensurable mais on y arrive. J'aime bien parler avec ces mecs là parce qu'ils se demandent ce que c'est qu'une bd et moi je me demande comment travaille un mangaka.
Du côté américain, maintenant j'ai quelques collègues. Et j'ai pu me faire ma place. J'ai fait 8 pages pour un collectif qui s'appelle Flight, qui sortira en Juillet. On est 26 auteurs dedans, et on fait ça juste par copinage. Au début, quand Flight a été pensé, c'était même pas pour le proposer à un éditeur. On voulait l'autoéditer pour se faire plaisir. Et puis finalement, il y a quand même 26 mecs dedans qui sont bons, pas connus parce qu'ils viennent du design, et donc les éditeurs ont commencés à être intéressés. C'est un bénéfice inespéré plutôt sympa.
- C'est ça le rêve pour vous, bosser avec le monde entier?
B. : Oui (rires). Vraiment. J'aimerai proposer des histoires à un autre dessinateur, qu'on arrive à dessiner à plusieurs sur un truc, je sais pas trop comment, qu'un mec essaye de m'encrer ou qu'un autre me colorie, je ne sais pas mais j'aimerai beaucoup.
- Vous y arrivez un peu via le web?
B. : Oui, je pense. A un moment, pour me sortir un peu la tête du design de jeu vidéo, je faisais des illustrations tous les jours, pendant 6 mois. Et il y a beaucoup de collab'. Je dis à un mec "tu dessines, je colorie". Et j'ai vachement envie de faire ça.
- Merci.
Images Copyright © Bengal 2004
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