Mon dernier petit bouquin PCCBA, "Mani Mana".Travail visiblement simple, transparent, d'une rigoureusement et thématique obsessionnelle symétrie, "Mani mana" construit un univers politique d'une apparente grossière opposition, qu'elle soit sociale, politique, morale, historique.
Evidemment, tout ça est destiné à partir en couilles et se retrousser complètement.
J'ai reçu mon premier exemplaire ; il est tel que je l'ai conçu, imaginé, de la prise en main au papier en passant par l'empagement et la typo, c'est parfait pour moi, et c'est pas souvent. C'est même plutôt rare. C'est "Dessiner", essai sur le dessin en bandes et hors-bandes. C'est à la Cinquième Couche, et on peut se le procurer là : https://next.5c.be/catalogue/dessiner
Dans le numéro de Spirou du 9 août dernier se trouve une planche de Nob où l'on voit une jeune ado sur un canapé, et dont le corps décrit un tour d'horloge pendant qu'elle téléphone. Cela m'a fait penser à une page semblable de lldm postée sur ce forum (je ne sais plus où) dans laquelle un enfant décrivait les mêmes mouvements en lisant sur un fauteuil.
Même observation du fait que les enfants ne bougent pas et n'utilisent pas l'espace de la même façon que les adultes.
Brétécher avait fait aussi cela, mais c'est tout de même assez rare, j'ai l'impression que beaucoup de dessinateurs reproduisent des corps d'enfant mais pour leur faire faire les mêmes gestes que les adultes.
Pour l'observation des modes de déplacements des corps selon l'âge, la classe sociale, les cadres de vies, je ne crois pas avoir vu de dessins plus justes et vifs que ceux de Brétécher. C'est très beau et c'est également très précieux. L'étude historique des gestes est rendues extrêmement difficile par la rareté, au fond, des documents, pour tout ce qui touche le quotidien (à (on trouve tout ce qu'on veut pour ce qui vient le fissurer, pour tout ce qui surgit, fait exception, apparait comme fait, là où l'ordinaire, par son évidence, ne semble pas devoir être décrit, représenté, remarqué, et se trouve englouti dans le couloir des siècles). Blutch est brillant, lui, pour camper des corps de très jeunes adolescents et adolescentes, dans ces moments de transformation où ceux ci semblent les encombrer.
Dans le numéro de Spirou du 9 août dernier se trouve une planche de Nob où l'on voit une jeune ado sur un canapé, et dont le corps décrit un tour d'horloge pendant qu'elle téléphone. Cela m'a fait penser à une page semblable de lldm postée sur ce forum (je ne sais plus où) dans laquelle un enfant décrivait les mêmes mouvements en lisant sur un fauteuil.
Même observation du fait que les enfants ne bougent pas et n'utilisent pas l'espace de la même façon que les adultes.
Brétécher avait fait aussi cela, mais c'est tout de même assez rare, j'ai l'impression que beaucoup de dessinateurs reproduisent des corps d'enfant mais pour leur faire faire les mêmes gestes que les adultes.
D'ici mars 2022, seront sortis trois de mes livres composant ensemble le maillage de mes relations à l'histoire de l'art, à l'histoire des oeuvres.
C'est la première fois que je me décide à conjoindre mon travail en bandes dessinées et celui que je développe en histoire de l'art. Le livre qui vient de sortir à la Cinquième couche, "Sacro monte", est une invitation à repenser dans un même mouvement l'inévidente épistémologie de l'historien d'art et le vagabondage de l'amateur d'oeuvres. C'est une approche par les monstres, par les errances, les expériences sans descendance, les foirages renversants.
J'espère parvenir à retrousser l'esprit de sérieux qui bousille l'approche des oeuvres du passé, et à inviter à une certaine légèreté pour approcher toutes les autres.
Les deux volumes suivants sortiront en janvier "Commentaire sur les Sentences de Pierre Lombard" chez Adverse, et "Depuis un crâne" à la Cinquième Couche. Je vous en recauserai à ce moment-là.
Merci pour les images, ça a l'air assez immersif comme expérience.
Tu devrais jeter un œil à ce que fait Garteth A Hopkins, je trouve (en regardant juste tes quelques pages) qu'il y a des similitudes:
http://www.grthink.com/
merci pour le lien ; je suis allé voir tout ça, donc. Je suis pas très fan, je dois bien te l'avouer. Une espèce de picturalité affirmée et peu adroite alourdit tout ça ; malgré la volonté de tout soutenir par une puissante architectonie du dessin "révélé", la faiblesse visible de celui-ci se fait beaucoup sentir. Ce qui se donne pour une vivacité, une vigueur expressive d'un dessin enlevé qui devrait établir une sorte de dialogue contradictoire entre vecteurs et structure, est sans cesse contredit par la peine que lui coûte chaque trait.
ibnalrabin :
Bref, je vais aller tenter de voir ton bouquin quand ça réouvre, peut-être qu'à Genève ça parviendra.
tu me diras, je suis assez curieux de savoir (mais bon, Genève, c'est pas vraiment une petite ville de province, hein...)
Merci pour les images, ça a l'air assez immersif comme expérience.
Tu devrais jeter un œil à ce que fait Garteth A Hopkins, je trouve (en regardant juste tes quelques pages) qu'il y a des similitudes:
http://www.grthink.com/
(Il y a pas mal de trucs différents, j'aimais bien sa "série" The Intercorstal, ses pages me faisaient vraiment penser aux mouvements et au rythme des comics mainstream mais complètement abstraits, ça donnait un machin assez chouette à suivre.)
ça me rappelle aussi des pages abtraites de Mark Staff Brandl (un américain installé en Suisse Allemande depuis des milliers d'années), mais je les retrouve plus, et ce que j'ai vu de son site est plutôt du genre peinture/installation.
Bref, je vais aller tenter de voir ton bouquin quand ça réouvre, peut-être qu'à Genève ça parviendra.
Je suis intrigué par cette couverture. Y a des images de l'intérieur quelque part ? En attendant que les librairies réouvrent en Suisse.
Si les libraires suisses font leur job comme dans les provinces françaises, tu peux attendre un moment, vaut mieux te concentrer sur le dernier tome de l'Arabe du futur... Moi, à Rennes (où il y a pourtant quatre librairies spécialisées en bd), ça fait longtemps que j'ai abandonné tout espoir de trouver dans les rayons des bandes dessinées qui m'intéressent. Et comme la solution proposée est toujours "abin je peux commander", j'ai pas vraiment besoin d'un intermédiaire qui s'intéresse pas aux bouquins, qui les a pas lus, qui les boude quand le diffuseur les lui présente, pour commander un truc. Je sais moi-aussi cliquer sur un bouton... Et si je veux lire le dernier tome de l'Arabe du futur, j'imagine que je peux le trouver pas loin du rayon légumes du Super U.
En attendant, voilà quelques images de "=+" (Cinquième couche), qui est un livre muet :
Après "Moins par moins", chez Rackham dont je vous ai causé sur le fil consacré à l'éditeur, une deuxième publication prévue l'année dernière avant que tout ne se barre en sucette vient d'atteindre (théoriquement) les librairies :
Un docu mettant en images un des entretiens avec Chloé L. à propos de bandes dessinées, articulés autour de certains bouquins de L.L.d.M.. Ce premier entretien est consacré aux albums "Judex" (Cinquième Couche), "Quelques prières d'urgence à propos de fin des temps" (Les Rêveurs) et "Hapax, prolégomènes à une bande dessinée de droite" (The Hoochie Coochie).
titres à quatre-vingt-dix degrés; celui sur lequel je tombe s'intitule me semble-t-il Tarzan, seigneur des singes, ce qui ne me dit rien du tout, avant que mon cerveau ne remette les lettres dans le bonne ordre et que là tout à coup, tout s'illumine: sur un jeu de mot, qui m'avait jusqu'ici totalement échappé
Mais, mais ... Comment est-ce possible ?
En fait, je n'ai jamais connu Tarzan qu'en tant que seigneur de la jungle, et non pas en tant que seigneur des singes, je ne sais comment l'expliquer (environnement familial, milieu social, aléas de la construction de ma culture personnelle ...). Qui sait !
titres à quatre-vingt-dix degrés; celui sur lequel je tombe s'intitule me semble-t-il Tarzan, seigneur des singes, ce qui ne me dit rien du tout, avant que mon cerveau ne remette les lettres dans le bonne ordre et que là tout à coup, tout s'illumine: sur un jeu de mot, qui m'avait jusqu'ici totalement échappé
Hier, je passe en revue rapidement le dos des albums de bande dessinée qui meublent ma bibliothèque, ce qui implique (s'il l'on ne penche pas la tête) d'en lire les titres à quatre-vingt-dix degrés; celui sur lequel je tombe s'intitule me semble-t-il Tarzan, seigneur des singes, ce qui ne me dit rien du tout, avant que mon cerveau ne remette les lettres dans le bonne ordre et que là tout à coup, tout s'illumine: sur un jeu de mot, qui m'avait jusqu'ici totalement échappé ... Fugace sentiment de joie et de honte mêlés suffisamment prégnant pour en laisser une petite trace ici.
je dessine en ce moment un livre sur le Sacro Monte de Varallo, prétexte pour parler des notions de goût, de jugement, d'acculturation ; c'est assez bizarre, plein de désirs contradictoires et de méthodes qui ne le sont pas moins. J'ai assez conscience de frôler le ratage total le monstre kitsch. Du coup, j'ai décidé d'accompagner le boulot d'une réflexion en vidéo sur l'académie. Peut-être n'est-elle, après tout, pas beaucoup plus claire que ce travail :
[citer auteur=NDZ]C'est bien mal te connaître que de t'imputer des viols de chiens. En fait, il s'agit de canards.
PS. Quand tu passes à Rennes tu me fais signe. Non, pas cygne.[/citer]
abin justement, y'a ça, dans les jours qui viennent (c'est complètement hors piste, y'a peu de chances qu'on y parle de bandes dessinées pendant, mais bon, s'il y a d'autres bulledairiens dans les parages, on pourra toujours faire une petite pause dans le séminaire - et je reste la nuit du vendredi à Rennes pour ça ); par ailleurs, pour les amateurs de peinture contemporaine, un vieil ami peintre - Johann Ollivier - qui était bruxellois depuis une quinzaine d'années revient dans son coin d'origine et montre (dans un endroit bizarre, mais bon) le produit de quelques expérimentations picturales récentes à l'espace The Roof (Hôtel Dieu)du 13 au 20. Autre raison de mon passage.
Malgré les apparences, ce post a des rapports réels avec la bande dessinée et son cadre éditorial.
Un ami (qui contrairement à moi perd sa vie sur Facebook), me fait passer amicalement des propos tenus à mon égard très inamicaux (ce qui, au demeurant, n'a aucune espèce d'importance, je m'en contrefous) sur lesquels je n'aurai rien à dire à part ceci : une bonne poignée de zigotos ayant visiblement d'authentiques problèmes avec la conflictualité (ce qui n'est pas mon cas, vous le savez assez bien) impute à mes mauvaises humeurs éditoriales, intellectuelles, sociales, d'étranges sélections : ils prétendent associer ma colère à l'égard d'untel ou d'autretel à une aigreur, dont la cause serait à chercher dans des refus de manuscrits.
Je peux laisser tout dire de moi, je m'en contrefous ; que je viole des chiens, copie les oeuvres de BHL, porte les sous vêtements de ma mère, torture les enfants, dessine comme une merde, suis un intello chiant et prétentieux, illisible, malodorant etc etc.
Mais sur ce seul point, celui de mes inimités artistiques et intellectuelles dans notre petit monde des bandes dessinées, j'aimerais qu'il soit au moins inscrit quelque part, et pourquoi pas sur Bulledair, ceci :
les éditions Matière me refusent des manuscrits depuis qu'ils existent et je loue leurs publications autant qu'eux mêmes chaque jour. amen,.
Jean-Louis, de Cornelius, ne daigne pas réponde au dixième de mes propositions de manuscrits depuis plus de dix ans et je continue opiniatrement à lui en soumettre ; je le tiens, au demeurant, pour un ami.
J'envoie depuis plus de dix ans aux éditions Atrabile des manuscrits qu'ils me refusent tous, inlassablement, et jamais ma considération à leur égard ni ma sympathie pour les personnes qui font ce job, n'ont faibli.
Mes propres éditeurs ne sont pas en reste : chacun d'entre eux me refuse régulièrement des manuscrits et les Rêveurs - sans que jamais ma sympathie pour Nicolas et son équipe n'ait diminué - détient le record des refus en me les refusant tous depuis Prières (ça doit faire dix ans). Il faut être soi-même pris dans d'étranges rapports sociaux forgés sur de bien tristes intérêts et il faut au passage très très mal me connaître pour supposer qu'un refus quelconque de manuscrit ait le moindre effet sur ma considération intellectuelle et éditoriale.
C'est dit.
Qu'ils se débrouillent tous avec ça, c'est-à dire qu'ils cherchent désormais des raisons profondes, des raisons dont leurs agissements sont la cause, pour ma mauvaise humeur à leur encontre.
le deuxième volume de la collection CYAN de PCCBA (notre collection tout cyanotype) sera visible au salon The Hoochie Coochie Circus ce week end, à la Générale (Paris). Il est réalisé à partir de films de Philippe De Jonckheere. Le troisième est le mien. J'en ai tiré une dizaine de chaque.
Un ami me conduisant à refoutre le nez dans le bordel qui règne dans mes disques de stockage, je sui parvenu à arracher au quasi néant (ça vieillit très mal, les DVDs, et ce que je cherchais datait de 2003 et 2007) le deuxième numéro de Chutes que je croyais paumé définitivement.
Un fichier qu’avait pas le bon nom, dans un tiroir qu’avait pas le bon nom, dormait dans un DVD avec rien d’écrit dessus.
Bref, afin que ça n’arrive plus, je me suis dit que le meilleur moyen de le sauvegarder vraiment était de le foutre sur tous vos disques durs. Comme ça, si je le reperds, je pourrai vous le demander.
ah, bin c'est la sortie officielle du Manuel (on devrait le trouver en librairie)
(enfin, dans certaines librairies)
(j'imagine)
(ça dépend des libraires)
(laissez tomber, commandez-le sur amazon)
Le livre tant attendu pour ouvrir un oncle borné à des lectures qu'il a toujours méprisées jusqu'ici et l'entrainer par le fond avec vous.
Il ne vous aidera pas plus à comprendre pourquoi ceux qui haïssent la bande dessinée sont des trous du cul qu'à comprendre pourquoi ceux qui l'aiment sont des imbéciles, mais c'est le guide idéal pour traverser le festival d'Angoulême l'allure enfin conquérante, définitivement rompu à tous les codes d'un monde et d'un art qui n'auront plus aucun secret pour vous.
A priori il sera présent sur le stand de Pré Carré au festival, et probablement à ceux de Adverse et PLG, Ab Irato n'ayant pas de stand (feignasses). Sinon, si vous êtes pressé ou si vous voulez encombrer tonton du manuel, y'a une page là : On peut en lire un chapitre téléchargeable en pdf ici. Et le commander.
[/citer]
il est désormais dans les librairies (qui en veulent)
Le livre tant attendu pour ouvrir un oncle borné à des lectures qu'il a toujours méprisées jusqu'ici et l'entrainer par le fond avec vous.
Il ne vous aidera pas plus à comprendre pourquoi ceux qui haïssent la bande dessinée sont des trous du cul qu'à comprendre pourquoi ceux qui l'aiment sont des imbéciles, mais c'est le guide idéal pour traverser le festival d'Angoulême l'allure enfin conquérante, définitivement rompu à tous les codes d'un monde et d'un art qui n'auront plus aucun secret pour vous.
A priori il sera présent sur le stand de Pré Carré au festival, et probablement à ceux de Adverse et PLG, Ab Irato n'ayant pas de stand (feignasses). Sinon, si vous êtes pressé ou si vous voulez encombrer tonton du manuel, y'a une page là : On peut en lire un chapitre téléchargeable en pdf ici. Et le commander.
Quand j'essaye de mettre un contour autour du "grand public", se dessine "divertissement". J'ai l'impression que l'unique lecture du grand public d'une "oeuvre" (ratissons large avec ce mot) est l'aspect divertissant ou sentimentaliste (grosses ficelles de larmes de crocodile).
Je suis moi-même très condescendant! Même s'il m'arrive d'être grand public...
"La masse des gens dont les goûts et les idées ne sont pas très précis, qui manque généralement de culture et de finesse d'esprit. "
.
quand je pense au nombre de fois où on me trouve condescendant quand je dis que le grand public n'existe pas, c'est prodigieux de voir de quelle hauteur de vue on le fait exister...
Si c'était un sujet si simple, vous ne seriez pas là à discuter d'un accouchement qui ne fut pas si évident :)
La notion de grand public m'interroge aussi. Mais mes conclusions restent confuses et peut-être biaisées.
Toutefois, il semble que quand lldm écrit que le « Grand Public n'existe que comme catégorie autovérificatoire marchande », on est quasiment dans du factuel.
Qua ça soit clair pour tout le monde: la discussion est ouverte à tous :)
Le sujet c'est la nécessité et la destination de l'oeuvre en bande dessinée : qu'est qui pousse l'auteur à écrire en BD ? pas forcément vendre des palettes ie toucher le "Grand Public"... mais comment en vivre ?
Merci pour ta réponse, on se comprend, donc. L'immense retour financier sur le vol artistique et l'imposture intellectuelle est manifeste, il est dégueulasse mais un grand classique de l'Histoire des Arts, malheureusement.
Autres choses que j'aurais voulu voir traitées, mais ça sera sûrement pour les tomes prochains, comme toute bonne série Grand Public :)
Grand Public et Universalité, les différences ?
Grand Public: forcément du côté de l'art populaire contre l'art élitiste ?
Grand Public: l'étape terminale du cycle naturel défricheurs, vulgarisateurs, récupérateurs ?
Il y a aussi le problème de la reconnaissance et de la rémunération de l'intelligence, qui se pose dans tous les domaines, y compris scientifiques.
Sur la notion de "populaire", il y aurait beaucoup à écrire ; j'ai de longues correspondances sur ce sujet avec un ami auteur (très célébré, donc, en quelque sorte, impliqué dans un des sens du mot "populaire", et travaillant avec des références historiques de la paralittérature déconsidérée, ce qui l'implique dans un second sens de ce mot). Peut-être publierons-nous un jour ce bordel, je ne sais pas. Nous ne sommes jamais d'accord, et je crois que de ces tensions intellectuelles et amicales, il y a peut-être quelques trucs à tirer. On verra.
Sinon, rien à voir, mais j'ai pigé ce qui est arrivé avec le PC12 : je devais en déposer un à la librairie Critic pour l'université, et comme un ahuri je n'ai pas compté cet exemplaire dans le petit paquet rennais... Désolé...
Il faut dire que, hier soir, quand tu m'as proposé le livre j'ai eu un moment d'hésitation (que tu auras noté, ainsi que Ronald, qui s'est permis d'appuyer ta proposition... à juste titre).
il m'a longuement écrit à propos de l'essai qui rejoignait beaucoup de ses interrogations en ceci qu'il le rassure, aussi, sur leur légitimité, sur leur partage, bref, sur le fait qu'il ne délire pas tout seul dans son coin. A vrai dire j'ai reçu, déjà, eût égard à la discrétion éditoriale de l'essai, pas mal de courriers d'auteurs qui s'y reconnaissent et sont soulagés que quelque chose de tout ça soit enfin dit, aussi frontalement.
NDZ :
Le public, lui, est oublié (à mon sens, tu parles beaucoup d'auteur Grand Public et un peu d'éditeur Grand Public, mais c'est tout). Et même si ça n'est pas forcément le sujet
je dis sans détour - dans cet essai et souvent ailleurs - que d'une part le Grand Public n'existe que comme catégorie autovérificatoire marchande, et d'autre part que le public tout court, ça ne concerne jamais (ça ne doit pas concerner) les auteurs. S'ils commencent à se le formuler, à se le représenter, ils le réduisent instantanément à un objectif chimérique et ne peuvent que l'amoindrir comme cadre de devenirs. Un public, ça apparait imprévisiblement avec des livres imprévisibles. On produit des lectures avec des livres. Le reste est un jeu de représentations plus ou moins bien intentionnées servant soit à colmater des angoisses (pourquoi je fais tout ça?) soit à bricoler d'illusoires conjectures (pour qui je fais tout ça?). S'en foutre est un impératif catégorique. On ne travaille "pour" personne. On travaille sans savoir où ça va, simplement en sachant que ça va.
NDZ :
pas forcément à voguer sur l'écume des étals de Merde. Je regrette que tu ne parles pas du rôle pernicieux de la médiatisation
sans doute parce que j'en ai parlé beaucoup ailleurs (ici, par exemple : https://www.du9.org/dossier/comment-jai-ecrit-certains-de-mes-livres/)
NDZ :
Il a aseptisé certains grands auteurs, certes, et l'éponge de ton texte lèvera facilement les oeillères des lecteurs qui n'auront pas compris de qui on parle. Mais, pour l'expérience des nombreux autres lecteurs que je côtoie, il les a amenés naturellement (et avec bonheur) vers ses "Maîtres"
tout ceci serait recevable et bien innocent si au passage, il ne faisait crever tous ceux qu'il pille et invisibilise par son gros cul (je parle de son poids financier, bien entendu, et de la place qu'il prend dans les rayonnages). Pour Bofa, ça n'a plus beaucoup d'importance, c'est consommé, mais pour les vivants, que personne ne trouve dans une FNAC ou dans la librairie BD du coin sans les commander (il faut donc déjà savoir qu'ils existent et tout est fait pour qu'on l'ignore), les tonnages de fac similés pathétiques produits par ce genre de guignols sont autant de couches de marbres sur des enterrés vivants.
Bon, je poste ou je ne poste pas ? Rien de bien intelligent, mais, zou :
Ah bah je rebondis parce que je viens de le lire.
Il faut dire que, hier soir, quand tu m'as proposé le livre j'ai eu un moment d'hésitation (que tu auras noté, ainsi que Ronald, qui s'est permis d'appuyer ta proposition... à juste titre). J'avais peur de ce que je pourrais te dire, étant donné que, ce n'est ici un secret pour personne, le mail indélicat qui lance l'essai (réussi) est le fruit d'un auteur qui a pour moi une importance particulière dans mon parcours de public. Oui, pas grand. Sans P.
Hé bien, on en reparlera avec passion et plaisir une prochaine fois mais je salue et regrette juste quelques petites choses.
Le public, lui, est oublié (à mon sens, tu parles beaucoup d'auteur Grand Public et un peu d'éditeur Grand Public, mais c'est tout). Et même si ça n'est pas forcément le sujet, c'est une Matière plastique, qui change, qui évolue et qui, souvent, parfois, rarement, reste curieuse, défriche, va creuser dans les tréfonds et ne reste pas forcément à voguer sur l'écume des étals de Merde. Je regrette que tu ne parles pas du rôle pernicieux de la médiatisation (bon tu parles du marketing, mais ce n'est qu'une face de la médiatisation, côté émetteur, il manque le côté "réémetteur" des médias que tu cites juste une fois en tant que Inrocnikart), car, les Prix aidant il a désormais portes ouvertes partout. Et ça, ça joue. Je saluais il y a quelques jours sur le forum le fait que de nombreux auteurs avaient été invités à la radio ces derniers jours pour parler des leurs livres.... las, le côté microcosme et circularité des carnets d'adresse (couplé à un ENORME manque de curiosité, de culture et de prise de risque des journalistes) a fait que j'ai noté que les mêmes auteurs ont été invités sur France Inter ou Culture, trois ou quatre fois, dans différentes émissions (et donc à différents créneaux horaires, et donc pour différentes personnes coincées à différentes heures dans leurs voitures).
Je suis entièrement d'accord avec toi sur le côté insultant de ce mail court, d'un auteur ayant arboré une étoile noire un temps (les étoiles violettes et pixelisées de la couverture ?), d'un ancien révolté fruit de la gentrification, et qui devrait défendre le milieu d'où il vient (même si artisans et artistes se côtoient parfois dans le milieu de la bande dessinée, comme en littérature ou dans les arts plastiques). Mais, il a aussi les qualités de ses défauts, d'un point de vue de simple(t) lecteur (et il a déjà pris sur ce sujet certains textes... alors que selon moi, d'autres mériteraient dix fois pire). Il a aseptisé certains grands auteurs, certes, et l'éponge de ton texte lèvera facilement les oeillères des lecteurs qui n'auront pas compris de qui on parle. Mais, pour l'expérience des nombreux autres lecteurs que je côtoie, il les a amenés naturellement (et avec bonheur) vers ses "Maîtres" (est-ce que j'aurais livres de Gus Bofa sans lui ? mystère), vers des auteurs obscurs qui creusent leur propre sillon, vers des choses exigeantes qui font que, ses lecteurs, lisent parfois, désormais, des choses qui ne se trouvent quasiment pas en librairie... de la notion de Grand Public... changeante. (j'en connais même beaucoup qui ne "le suivent plus" càd n'achètent plus ses livres, par désintérêt manifeste)
Bon, tu sauras qu'il faudra tout relire au prisme de mon pessimisme quant à la réelle intelligence de ce que l'on peut espérer de certains. Mais il est indéniable que dans un contexte de disparition de petites librairies et de petits éditeurs (parfois majeures et majeurs), il faudrait juste un coup de pouce de ces "anciens" galériens du domaine. Et non pas un coup de pied. Et en ce sens, je trouve ton essai salvateur.
Bin flute, je me rend compte que je ne vous en ai même pas annoncé la sortie, alors qu'une partie des réflexions qui ont composé ce livre sont nées de conversations tenues ici. Voilà donc "Bande dessinée et grand public", un court essai sur des questions banales mais jamais frontalement problématisées. C'est annoncé pour janvier mais c'est déjà commandable, c'est fait par Adverse et ça coûte trois fois rien :
Bande dessinée et grand public, dont j'espère bien qu'il engagera d'autres lignes de réflexions, qu'il se poursuivra par d'autres, dans d'autres textes.
D'une pierre deux coups (parce que la grande agitation entourant la période de création du précédent numéro m'a complètement fait zapper l'annonce de sa sortie) avec les dernières sorties du Fanzine Amici, qui clôtureront cette passionnante et gratifiante expérience éditoriale :
le dixième Amici (Pubis) reçoit les planches de C. de Trogoff, Jean-Pierre Marquet, Robert Varlez, Antoine Ronco
Loïc Largier, L.L. de Mars et une création exceptionnelle de
Guillaume Chailleux qui s'est vu confier les planches réalisées par Marie-Florentine Geoffroy et moi lors d'un "Ressac" commencé au cours d'une rencontre Pierre Feuille ciseaux et que la mort de Marie florentine nous a interdits d'achever. Guillaume a poursuivi le travail, l'a augmenté, a donné un sens et une cohérence à tout ça.
Le onzième numéro accueille les travaux de L.L. de Mars, Muzotroimil, Jérôme LeGlatin & blexBolex qui, in extremis, trouvent une fin à leurs "Dernières nouvelles de Randolph Carter", J.M. Bertoyas qui nous fournit enfin ses planches après 10 numéros, Loïc Largier, C. de Trogoff et Jean-Pierre Marquet.
Nous avons atteint notre objectif, qui était de dix numéros, et nous l'avons même excédé de ce numéro qui vient conclure en beauté cette belle histoire.
Quelques planches s'aventurent dans des cadres éditoriaux où l'on est (encore) peu habitués à voir publiées des bandes dessinées : Lundi Matin Papier 3
Bon, comme je continue à avoir un streaming merdique dans le Terrier et que Vimeo limite le stockage désormais, je me décide à monter une chaine youtube qui rassemblera pas à pas la centaine de flimes éparpillés (ce qui me permettra aussi de montrer des trucs qui dorment dans des disques durs). J'espère que ça rendra un peu plus visibles les travaux de tout le monde; pour l'instant, il y a essentiellement les courts-métrages d'animations du labo élémarsons, mais bientôt les séries de docus sur le boulot artistique(dessin et musique) viendront rejoindre tout ça. Si j'ai bien compris le principe, en vous abonnant au bazar vous serez tenus au courant des mises en ligne de nouveaux flimes.
lldm: Étais-tu déjà lecteur de Nathalie Sarraute à l'époque ?
oui, et ce livre a été pensé clairement en hommage appuyé à son travail, dans la perspective d'ajouter aux problèmes structurels du récit qu'on pourrait avoir en commun avec le roman, ses romans, des problèmes propres aux bandes dessinées.
Ah oui ? Le grand silence est un film vraiment intéressant, plutôt atypique pour un western italien (tourné à Cortina d'Ampezzo). Vu son niveau de violence, je comprends qu'il t'ait marqué si tu l'as vu enfant ! Si je mes informations sont exactes, il a fait un bide terrible à sa sortie en salle. Le producteur ayant anticipé cet échec avait demandé le tournage d'une fin alternative où le héros s'en sort vivant, mais l'équipe a fait en sorte que le résultat soit tellement grotesque qu'il ne puisse être exploité (je l'ai vue cette fin - sans la bande sonore - et c'est effectivement débile).
Il était passé à la télévision, sans doute le soir où j'avais le droit de la regarder le mardi soir, j'imagine) ; j'avais moins de dix ans. Je me souviens qu'il avait révolté mes parents, qui me disaient toutes les cinq minutes "regarde pas ça !" (mais comme c'était le seul soir de la semaine où je regardais la télévision, je trouvais toutes sortes d'arrangements pour rester là ; c'est de la même façon que j'ai vu et été chamboulé par le Satyricon, auquel je n'avais pas plus compris grand chose que le corbucci mais qui dans les mêmes mesures a marqué très longtemps mes dessins et rêveries) et que pendant des années ils en reparlaient comme d'un truc inadmissible.
Tiens, ça m'évoque un vieux western d'Anthony Mann (Je suis un aventurier ?), et puis, à propos de charpente, l'une des actions symboliques les plus saillantes de l'occupation du Larzac n'avait-elle pas été la reconstruction d'une bergerie (en pierre certes) ?
pas vu, celui-là (j'adore Anthony Mann, peut-être des petites bulles qui viennent péter à la surface de la tête? Mais la figure du début est nettement inspirée par "Il grande silenzio" de Corbucci, qui m'avait retourné la tête quand j'étais enfant ); une partie des sources vient ici d'un roman photo belge des années 60, offert par une copine (d'ailleurs, on le voit également appraître en morceaux dans le dernier Amici, sous les ciseaux de C. de Trogoff, ma compagne, à qui le roman photo a été offert). Le film d'arrière plan ces jours-là (y'a toujours des films d'arrière-plan) était "Le 4e morceau de la femme coupée en trois" de Laure Marsac (super bien, ça).
Ah oui ? Le grand silence est un film vraiment intéressant, plutôt atypique pour un western italien (tourné à Cortina d'Ampezzo). Vu son niveau de violence, je comprends qu'il t'ait marqué si tu l'as vu enfant ! Si je mes informations sont exactes, il a fait un bide terrible à sa sortie en salle. Le producteur ayant anticipé cet échec avait demandé le tournage d'une fin alternative où le héros s'en sort vivant, mais l'équipe a fait en sorte que le résultat soit tellement grotesque qu'il ne puisse être exploité (je l'ai vue cette fin - sans la bande sonore - et c'est effectivement débile).
Tiens, ça m'évoque un vieux western d'Anthony Mann (Je suis un aventurier ?), et puis, à propos de charpente, l'une des actions symboliques les plus saillantes de l'occupation du Larzac n'avait-elle pas été la reconstruction d'une bergerie (en pierre certes) ?
pas vu, celui-là (j'adore Anthony Mann, peut-être des petites bulles qui viennent péter à la surface de la tête? Mais la figure du début est nettement inspirée par "Il grande silenzio" de Corbucci, qui m'avait retourné la tête quand j'étais enfant ); une partie des sources vient ici d'un roman photo belge des années 60, offert par une copine (d'ailleurs, on le voit également appraître en morceaux dans le dernier Amici, sous les ciseaux de C. de Trogoff, ma compagne, à qui le roman photo a été offert). Le film d'arrière plan ces jours-là (y'a toujours des films d'arrière-plan) était "Le 4e morceau de la femme coupée en trois" de Laure Marsac (super bien, ça).
Quelques planches inédites consacrées à la ZAD de NDDL : Nos Charpentes
Tiens, ça m'évoque un vieux western d'Anthony Mann (Je suis un aventurier ?), et puis, à propos de charpente, l'une des actions symboliques les plus saillantes de l'occupation du Larzac n'avait-elle pas été la reconstruction d'une bergerie (en pierre certes) ?
Deux nouveaux bouquins expérimentaux réalisés aux ateliers de Bruc, "Tartan" et "Fétiches".
Pour présenter "Fétiches", j'ai fait un documentaire pour la série "Documenter" (huitème film consacré au travail artistique)
C'est recueilli ici en fin de volume (dans les années 90, un classique du bac à solde à 10 francs):
(Je note une petite coquille sur la bullefiche: c'est bien une "de" bottes et non "des".)
Dommage, c'était la période où je contournais les bac bd dans les solderies... ça va être plus compliqué à rechopper maintenant. Pour des raisons complètement hasardeuses, ma bibliothèque est vide de tout Forest alors que je trouvais ça vraiment très bon. Et maintenant, c'est un peu tard pour en chercher.
Je profite de ce que je suis souffrant, pour m'ébattre, comme jadis l'enfant malade cloué au lit parmi ses illustrés, dans ma collection de Charlie mensuel (première série). Alors même que je m'étonnais ces derniers jours de l'absence de publication de Forest dans ce journal, je tombe sur un court et fascinant récit complet, Histoire de bottes, qui est du lldm avant la lettre.
La New York Review of Books publie justement dans son édition de cette semaine des articles rétrospectifs, dont un sur le procès pour "parasitisme" de l'alors jeune (24 ans) Joseph Brodsky.
Le cinquième Bulletin (frottages, gravures, couture, sérigraphies, pop-up etc.)
Tiré à 30 exemplaires il en reste quelques-uns (nous n'avions pas tout apporté à Angoulême pour que d'autres lecteurs puissent en profiter), que nous rendons disponibles à cette adresse.
Hé bien voilà, il est fini, il sera à Angoulême. On n'y croyait pas vraiment (d'autant que C. de Trogoff et moi-même passons tout notre temps à préparer pour cette date également le cinquième Bulletin Officiel, notre labo éditorial le plus tordu de PCCBA), mais voilà, les 45 exemplaires de "La langue slave II" sont tirés, les boîtes égalements imprimées, coupées, pliées, et hop.